Dernière étape pour l'enregistrement d'Akiavel, comme vous pouvez vous en douter nous allons attaquer le chant. Je sais que c'est un sujet qui soulève beaucoup de questions, et qui je l'espère ne resteront pas sans réponse.
Explorons donc l'aspect technique (et artistique ?) de la chose. Akiavel étant un groupe de Metal "extrême" le chant, (malgré le minois de leur chanteuse) est typé death metal/Growl (je vous laisse apprécier la performance sur les pistes ! impressionnant !).
Beaucoup de débats existent d'ailleurs à ce sujet, personnellement je ne pense pas qu'il soit nécessaire de le considérer différemment d'un chant ""normal"". C'est un point de vue.
Même si cela parait évident à dire, la voix est le seul instrument d'une production, que l'on ne peut pas "régler". Contrairement à une batterie, où l'on peut changer le type de peaux, les cymbales, la tension des peaux, le type des baguettes... La basse et la guitare où on peut aussi changer d'instrument, de cordes, d'ampli, de mediator etc etc... BREF. Cette fois-ci l'artiste arrive avec son timbre de voix et on doit faire avec. Ce qui sous entend que c'est à nous, techniquement, de trouver ce qui sonnera le mieux.
Le choix du micro
Pour un soucis de neutralité de choix, nous avons aligné les micros que nous avions à disposition tous branchés dans des pré-amplis identiques (IGS NE573) afin d'être le plus objectif possible. Nous avons essayé chez Griffon microphone le GMT-12, LE GMT-49, le 247 U (tube) et le SM7b de Shure.
Le choix s'est finalement porté sur le couple GMT-12 / SM7b. Le gmt-12 apporte la précision d'un statique FET et le SM7b amène le grain très apprécié sur ce type de voix. Bien évidement, il est important de placer les micros parfaitement en phase. Pour cela rien de plus facile, mettez les capsules l'une à coté de l'autre, enregistrez un court extrait et regardez si tout est parfaitement aligné sur vos waveforms. Si ce n'est pas le cas, avancez ou reculez l'un des deux micros de quelques centimètres (millimètre?) jusqu'à ce qu'elles soient parfaitement alignées (bien évidemment inversez la phase sur l'un des deux pré-amplis si nécessaire).
Le placement du micro
C'est sûrement à cette étape précise que je vois le plus de choses étranges. L'erreur la plus souvent rencontrée est d'enregistrer BEAUCOUP trop près de la capsule. L'effet de proximité est certes très flatteur, mais nuit profondément au naturel de la voix et crée des écarts dynamiques très/trop importants, sans parler des "plosives" (exposition des "P"...)
Sans dire qu'il faut être à 1m du micro, je pense que 25/30 cm du micro est un minimum. (N'ayez pas peur d'entendre légèrement votre pièce au contraire !)
Viens ensuite le positionnement. Là c'est une histoire de compromis et de goût. Pleine face vous aurez une belle présence dans l'aigüe mais potentiellement plus de sibilantes, par dessous plus "d'harmoniques du palais" mais moins de présence...
A vous de juger pour avoir le meilleur rendu avec le minimum de problème technique. Dessus, dessous, pleine face, sur les côtés (pourquoi pas ?) Il n'y a pas de mauvais choix seul le résultat compte.
Choix du pré-ampli
Aucune grosse surprise pour moi, étant addict au 1073 je pars par défaut la dessus. Ce sont mes "GO TO" si vous préférez. J'ai deux modèles de ce pré-ampli au studio, une paire de AMS-Neve et quelques IGS NE73. Leurs caractères sont dans la même lignée (forcément) mais ne sont pas vraiment identiques.
Le Neve a plus de grain/vintage alors que le IGS est plus clean/moderne. Après quelques tests, les IGS me semblaient plus adaptés à la situation. Les Neve sonnaient légèrement plus riches (harmoniquement), mais vu le contexte "bruyant" de la musique, et vu le taux de compression appliqué par la suite j'ai préféré me tourner vers ce qui allait "percer" le mix. Dans une situation plus traditionnelle j'aurais gardé le Neve ou le T-15 de chez GAR (qui ressemble étrangement au 1073 mais en plus Vintage sur les voix).
Compression à la prise
Je sais que beaucoup d'entre vous ont peur de la compression à la prise, et pourtant, en plus du bénéfice non négligeable qu’elle apporte au son, elle est d'un grand confort pour le chanteur et son retour.
Ma chaine de compression est tout ce qu'il y a de plus traditionnelle. Un compresseur optique type LA2A (IGS one LA500) en mode limiter avec 5 à 7 Db de réduction dans les moments les plus forts suivi d'un compresseur type 1176 : ratio 4, attack à midi et release tout à droite, 5 à 7 db de réduction également (UREI 1178 pour le SM7 et le IGS 576 pour le GMT-12).
Il est vrai que 14 db de réduction peut faire peur. Mais avec cette technique je garde un parfait contrôle de ma dynamique (voir waveform des pistes enregistrées) et cela minimise considérablement les automations de voix au mix.
EQ de la voix
Bien évidement, j'applique un EQ habituellement AVANT la compression. N'ayant pas ressenti le besoin de le faire sur ce projet j'ai gardé le sujet pour la fin. Mais sinon que fais-je ? (quel suspens !) Et bien je ne prends pas trop de risques en général. La voix étant la chose que l'oreille humaine entend le plus, des EQ trop puissants peuvent facilement faire sonner la voix "deformée" ou du moins pas naturelle.
Mais si je dois toucher j'opte pour un coupe bas (Vaultec HLF-3) vers 100hz et un léger boost dans l'aigüe au Pultec entre 5 et 12 Khz selon la voix et la nécessité (Tube Tech Pe1C ou IGS Rubber band) autre alternative un très léger Shelf avec un W462 (type Neumann).
Et voilà maintenant on est "ready to go" pour les voix.
Merci de m'avoir suivi et lu au fur et à mesure, j'espère que mon expérience a pu répondre à certaines de vos questions.
Également 1000 mercis à Nicolas pour ce fabuleux Blog et de m'avoir accordé ces quelques lignes.
N'oubliez pas de vous "amuser" en travaillant !
A bientôt !