Les fondamentaux du mixage :
Il arrive parfois que l'on se perdent un peu dans l’approche d’un mixage, à force de travailler sur des projets différents les uns des autres et parfois avec très peu de temps devant nous, il arrive que l'on ait besoin de refaire le point sur ce qu'il est efficace ou non dans notre méthode de travail.J'ai réuni ici quelques principes fondamentaux qui je pense sont nécessaire d'appliquer systématiquement pour pouvoir aborder un mixage dans les meilleurs conditions possible. Outre cet aspect un peu technique, il est évident que l'approche artistique reste la part la plus importante...
Comment pourrait on définir le travail de mixage ?
Lors d'un mixage il est question avant tout de balance. Balance d'instruments que nous pourrions décrire comme le choix des instruments à mettre en valeur. A travers ce principe évident, on peut parler de balance "tonal" qui consiste à placer chaque fréquence de ces instruments dans un espace stéréo mais surtout de manière naturelle et plaisante à nos oreilles.J'entends déjà certains dire, que pour pouvoir réaliser correctement ce travail il faut que l'arrangement de notre morceau soit de qualité. Vous n'avez pas tout à fait tort car dans la pratique, nous subissons très souvent l'arrangement et au lieu de faire un travail de mixage à proprement parlé, nous effectuons un travail de nettoyage voir même de rattrapage et bien souvent il est déjà trop tard…Le mixage n'est pas la pour transformer ce qui a déjà été fait. Eliminez d'emblée toute réflexion du genre : "on verra au mix". Il faut respecter ce qui est enregistré et en aucun cas transformer. Si vous êtes en train de remplacer ou modifier tous les sons de votre session, dites vous bien que vous n'êtes pas en train de mixer...Voilà pourquoi le travail de réalisation est essentiel : ne gaspillez pas votre énergie à essayer de mixer un titre dont certaines pistes ne fonctionnent pas. Tout est important, il n’y a pas de place au hasard. rythme, justesse, édition, tout doit pouvoir sonner avant même que vous n’ayez fait quoi que ce soit.
Ecouter, imaginer
Ceci étant fait, la première étape est de trouver l’ambiance adéquat. Cette ambiance adéquat sera celle de la vision de l’artiste ou du producteur. Si vous mixez votre propre musique, le choix sera d’autant plus facile, mais si vous travaillez pour un artiste, il faut bien comprendre que l’oeuvre ne vous appartient pas et ne vous sera pas destinée. Le vrai talent d’un ingénieur du son est d’être capable de lire dans les pensées des artistes et de comprendre et surtout de pouvoir retranscrire ce qu’il a dans la tête et comment il voit les choses. Le plus, est de pouvoir amener cette vision au delà des espérances de l’artiste…C’est capital de bien comprendre ce que votre "client" attend de vous ou ce que vous attendez du mixage si vous mixez votre propre musique. Il y a une grande part de subjectivité là dedans car il faudra souvent interpréter par vous même ce que l’artiste espère du résultat.Il est important de pouvoir ressentir cette ambiance à l’intérieur des prises de son ou dans l’arrangement. Il faut pouvoir ressentir un minimum une direction à prendre. On peut être confronter à de très bon mix, tant dans la balance que dans la répartition des fréquences, mais tellement ennuyeux. L’idéal serait juste de pouvoir mettre en valeur cette ambiance inclus dans l'enregistrement.Faites attention à certains code de musique suivant le style que vous mixez, par exemple il est évident que vous ne placerez pas un kick dans un mix metal de la même manière qu’un disque pop ou jazz. Ce qui marche dans un style ne marchera pas dans un autre.N’oubliez pas qu’un super enregistrement n’est rien d’autre que l’enregistrement d’un super morceau joué par de super musiciens. C’est seulement avec ces paramètres que vous pourrez espérer tirer quelque chose de votre mixage. Et ce, peu importe avec le type de matériel que vous aurez utilisé pour l’enregistrer.
La trousse à outils :
Ne perdez pas de vue que parmi toutes les panoplies d’outils que vous pourrez trouver pour mixer, vous n’aurez au final que 2 paramètres sur lequel intervenir :
- le volume
- les effets
Dans le volume vous retrouverez vos EQ qui ne sont ni plus ni moins que des volumes sur une partie du spectre, et le compresseur qui agit comme un fader qui ajuste le volume en fonction de l’intensité sonore…Les effets seront les sons que vous ajouterez pour créer l’ambiance de votre mixage : reverb, delays, harmonizer, chorus, flanger, saturation etc…Ce que nous faisons avec ces outils de volume c’est ni plus ni moins que de modeler le timbre et la balance de notre mixage. Le but étant de faire un seul et unique son le plus agréable possible à écouter et surtout transmettre le message de la musique.
Organisez votre travail
Faites des versions différentes et nommez les. Vous serez content de pouvoir revenir en arrière si jamais vous faites des erreurs. Et il sera plus facile de modifier les versions de vos mix en fonctions des commentaires de vos clients. Il vous suffira de checker les versions. Les premières versions sont souvent les bonnes, ne les perdez pas.
Le temps de l’analyse
Est ce que je suis capable de tout entendre ? lors de l’écoute de la mise à plat, ou après votre première balance, vous devez être capable de tout entendre afin de déterminer si l’arrangement fonctionne ou pas. Nous devons partir du principe que tout ce qui est inclus dans la session fait parti de cet arrangement et a été placé selon les bons vouloir de l’artiste ou du producteur. Nous devons en tenir compte. Tout doit être bien sûr dosé voir même subtil pour certaines choses, mais si à ce stade tout y est, alors vous avez de fortes chances de pouvoir faire quelque chose.
Pensez en trois dimensions
J'avais déjà écris un sujet auparavant, le principe étant d'imaginer de répartir un mixage en trois dimensions : une dimension verticale qui pourrait représenter les fréquences, une dimension horizontale qui serait l’espace stéréo et une dimension frontale d’avant en arrière pour la profondeur de champ.Le but étant de faire cohabiter ces 3 dimensions et de pouvoir en tirer le maximum pour obtenir le mix idéal. Il existe quelques principes de base pour mettre en place ces 3 axes : par exemple nous savons que certains sons ne seront efficace qu’au centre de la stéréo comme la grosse caisse et la basse ou que la caisse claire devra faire en sorte de ne pas gêner la voix lead…
L’axe le plus délicat reste celui du placement des sons dans le sens de la profondeur. Nous devrons user de reverb artificielles, de delays mais surtout jouer sur les volumes et le timbre de chaque instrument. On a parfois tendance à oublier ce principe mais un son éloigné sonnera moins fort mais aussi moins aigu qu’un son plus proche de nous. Il sera accompagné aussi de reverb voir même d’un delay. C’est d’ailleurs pour recréer ce phénomène que beaucoup de delay sont équipé un filtre passe bas pour atténuer les aigus au fur et à mesure de l’éloignement du feedback.Tout ça c’est bien sur ce qu’il se passe dans la réalité mais très souvent, nos disques vont bien au delà de ces règles pour justement retranscrire des sons qui vont bien au delà. Mais en gardant ce genre de principe en tête, on arrive à mieux agencer les sons et surtout comprendre que l’on travaille sur le volume, le timbre et l’ambiance de chacun. Il ne reste plus qu’à doser tous ces paramètres pour atteindre notre objectif.
Nettoyez vos pistes
Plein d’avis peuvent resurgir sur ce sujet, il m’arrive moi même de ne pas le faire systématiquement mais il est toujours bénéfique de nettoyer ses pistes. Supprimer les fréquences inutiles à vos pistes, appliquer différents filtres ou EQ avec des Q différents pour éliminer résonances ou autres effets indésirables. Faites cette manipulation dans le contexte de votre mix et vous pourriez être surpris de la quantité que vous pourriez éliminer. Ceci est très bénéfique pour vos marges de volume dans votre DAW enlever des fréquences revient à en rajouter d’autres, c’est le meilleur moyen d’obtenir une belle balance tonal de vos instruments.Appliquer des filtres passes haut sur chacune de vos pistes pour éliminer les fréquences graves qui pourraient encombrer votre mix inutilement. même choses pour les aigus, certains instruments n’ont pas besoin de ressortir dans le haut du spectre comme la basse ou les guitares électrique...
Le volume et la dynamique
Pensez vous qu’un compresseur sert à garder vos sons le plus fort possible avec le maximum d’énergie ?Si vous pensez que oui, vous faites erreur. Dans sa conception, un compresseur sert à baisser le volume d’un son quand celui ci dépasse un certain seuil… Mais bien évidement dans les mixages modernes, ils ont une tout autre activité et c’est aussi pour cette raison qu’on ne les utilises pas toujours comme il le faudrait.Ne perdez pas de vue ce que peut faire un compresseur sur votre son et appliquez le si vous avez une bonne raison de le faire, que ce soit pour placer un son au premier plan sur tout le long de votre titre ou pour contrôler l’enveloppe d’un son mal défini..
Conclusion
Il y aurait tellement à dire sur l’approche d’un mixage surtout que chaque situation est différente et il y a tellement de façon de faire. Ne misez pas tout sur la technique, car au final, un bon mixage est un mixage qui provoquera une émotion. Et c’est en étant attentif à la musique que vous mixez que vous ressentirez cette émotion.