C'est au cours d'une séance d'enregistrement, où l'artiste Gillie McPherson m'explique qu'elle possède de "vieilles" bandes analogique datant de 1977 avec quelques titres enregistrés dans un prestigieux studio par un ingénieur du son de renom de l'époque !
Elle me confie la tâche de numériser ces bandes afin de pouvoir les exploiter plus facilement et surtout se remémorer ce qui se cache sur ces bandes 42 ans après !
Tous ce qu'elle m'a dit m'a beaucoup interpellé, car quand dans une conversation, lorsque l'on me parle de gens comme Denis Weinreich, Ken Scott du Scorpio sound et autres, ça fait réfléchir...
Je me suis dis que cela serait intéressant de pouvoir se replonger dans cette époque et mieux comprendre comment on produisait les disques... J'ai donc décidé de vous embarquer avec moi chez Serge Fernex dans son magnifique Ella recording Studio pour réaliser ce travail et vous expliquer comment fonctionne un magnétophone analogique !
Bienvenue au Scorpio Sound studio
Le studio à été crée en 1972, il était situé au rez de chaussée de "Euston Tower" dans le centre de Londres. Au départ il était destiné à réaliser des enregistrements audio pour les radios, mais très vite il s'est imposé comme un lieu incontournable pour la production de disque.
Le studio a été totalement conçu par les ingénieurs de la BBC avec une acoustique neutre comme la plupart de leurs studios. Dans la vidéo je parle d'une console Trident, mais après quelques recherches, au démarrage du studio, il s'agirait plutôt d'une console Cadac 24 voies avec un enregistreur Ampex MM1100 16 pistes et 2 magnétos Studer A80 et 1 B62 1/4' pour les masters qui équipait le studio. Il y avait des écoutes Altec qui ont été remplacé par la suite par des Tannoy avec 3 HP de 15' par enceinte...
Parmi les périphériques de l'époque, on pouvait trouver une paire de 1176 "black face", 1 compresseur Allison Gain-brain, 2 compresseurs FairChild mono et stéréo, 1 delay cooper time cube, et 2 EMT 140 et 240.
Au milieu des années 70, le studio est un des rares à posséder un 16 pistes analogique qui attire de nombreux groupe de musiques et notamment provenant de leurs voisins Capitol Radio. C'est à cette époque que l'ingénieur du son américain Dennis Weinreich rejoint l'équipe et apporte ses connexions directement de Los Angeles et voit passer de nombreuses stars internationales de l'époque comme : Neil Diamond, Supertramp, Stanley Clarke, Billy Cobham, Jack Bruce, mais aussi l'ingénieur du son Roy Thomas Baker qui réalisa quelques prises pour Queen pour l'album "A Night at the Opéra" et plus particulièrement la voix lead de "Bohemian Rhapsody".
Au début des années 80, la console Cadac fait place à une SSL 4000 de la série E, incontournable à l'époque ainsi qu'un Otari MTR-90 qui laisse supposer que c'est sur ces équipements qu'a été réalisé l'enregistrement que nous écoutons dans la vidéo. Le studio a fermé en 1997 et devint un supermarché.
L'histoire de Dennis Weinreich
Originaire de Los Angeles, sa passion pour le son remonte à ses débuts, alors qu’il était encore à l’école. Son « home studio » était un repaire régulier pour la scène musicale « surf » qui était en plein essor au début des années 1960 en Californie du sud.
Il a eu la chance d'être pris sous l'aile de plusieurs ingénieurs du son locaux qui ont été impressionnés par les projets réalisés dans ce garage du comté d'Orange. Ce qui lui a permis de faire des séances chez United Western et Wally Heiders, ainsi que des projets dans le domaine du cinéma et de la télévision.
En 1970, il jonglait entre université et boulot chez Stephen Bosustow Film Productions où il tournait, montait et créait des effets sonores pour un court métrage primé aux Oscars © avec "Orson Welles ». À cette époque, il travaillait également au sein de l'équipe de The Village, l'un des studios les plus en vogue de Los Angeles. (Steely Dan, Eric Clapton, Sly Stone, Miles Davis, Les Stones, Fleetwood Mac)
Il est arrivé à Londres en septembre 1971 pour travailler sur la série animée "The Jackson 5" pendant six semaines, selon lui.
Enfin, se consacrant à la musique de film au Scorpio Sound, Dennis a passé les années 70 et 80 en tant qu’ingénieur et producteur travaillant avec des artistes aussi divers que Jeff Beck, The Walker Brothers, Queen, Supertramp, Wham, The Real Thing, Talk Talk, Jack Bruce, Jon Anderson, Mick Taylor, Colibri et bien d’autres.
Il a beaucoup travaillé pour le cinéma également, en travaillant sur les musiques de films des compositeurs Michael Kamen, Richard Thompson, Rachel Portman, Debbie Wiseman, Del Newman et d'autres.
En 1983, il a créé Videosonics pour mettre à la disposition du secteur émergent de la télévision indépendante les technologies créatives utilisées dans le monde de la musique. Au milieu des années 90, sous sa direction créative, Videosonics était devenu l’un des plus grands centres de sonorisation pour le cinéma et la télévision en dehors des États-Unis.
Le setup d’une séance en 1977
42 ans plus tard, il est difficile d’avoir des explications précises sur comment s’est passé cette séance, Dennis m’a raconté qu’il y a eu une grosse préparation des musiciens dans son salon afin d’être fin prêt pour la séance de studio. Comme vous l’avez constaté le groupe à joué live ! Et autant vous dire que sur un enregistrement analogique en 1977 mieux ne vaut pas se tromper...
Serge nous explique dans la vidéo comment fonctionne cette bande analogique : son nombre de pistes, l’equalisation NAB, IEC, la vitesse 38 ou 76 cm par seconde et toutes les subtilités que cela comporte de choisir tel ou tel critères. Il nous explique également comment est véhiculé le signal depuis la bande analogique jusqu’à notre écoute.
Nous étudions le « track sheet » est là, nous comprenons bien que nous ne sommes plus dans la même époque et que les choses ont bien changées !