Enregistrer sans compression
Une des questions les plus courantes que l’on me pose lors des formations que je donne, c’est : dois-je utiliser un compresseur lors de mon enregistrement ? Très souvent ma réponse est systématique : Il est préférable que non. Tout simplement parce que si vous gâchez ce signal avec un mauvais réglage de compression, ce dernier sera définitivement enregistré et il sera impossible de le modifier par la suite. Il est donc préférable d’enregistrer le signal sans compression et le rajouter plus tard pendant le processus de mixage.
J’entends par là utiliser un compresseur matériel ou logiciel avant que votre signal ne soit enregistré sur un disque dur ou sur une bande. Ce n’est pas la même chose d’insérer un plug-in en temps réel sur votre piste sur laquelle vous enregistrez. Dans ce cas de figure, la compression est appliquée après que le signal soit enregistré, vous permettant de travailler le son sans le risque de le « détériorer ». Cette technique permet plus de sécurité lors de l’écoute de vos prises de sons.
Cela dit, de nombreux ingénieurs du son professionnel enregistrent avec la compression. Pourquoi ? En général, il existe trois raisons principales d’enregistrer avec la compression :
- Tout d’abord, vous savez exactement comment les choses doivent sonner. Par exemple, disons que vous travaillez avec un chanteur dont vous savez que sa voix est très dynamique. L’ajout d’une légère compression avec un compresseur particulier pendant l’enregistrement aide à contrôler la dynamique de ses performances et donnera une sensation de « stabilité » à sa voix. Ou vous savez que le signal sera compressé lors du mixage pour des raisons esthétiques et il toujours préférable d’aller chercher le rendu final souhaité le plus tôt possible.
- La deuxième raison découle de la pratique consistant à maximiser le niveau du signal d’entrée. A l’époque de l’enregistrement analogique, de nombreux ingénieurs du sont compressait les signaux lors de l’enregistrement pour améliorer le rapport signal sur bruit sur bande, car si vous compressez le signal après l’avoir enregistré, vous risquez d’élever le bruit de fond et le sifflement de la bande . Cependant, avec des systèmes d’enregistrement numérique 24 bits et des convertisseurs analogiques / numériques modernes, leur bruit d’entrée minimal et leur large gamme dynamique offrent un rapport signal / bruit très élevé ne justifiant plus la compression à la prise.
- La troisième raison d’utiliser la compression pendant l’enregistrement est de vouloir colorer le signal d’entrée. Avec un compresseur « typé » je pourrai réchauffer un peu le son. Dans ce cas de figure, ce que je cherche ce n’est pas vraiment la compression en soi. Il s’agit de mise en forme tonale, de colorisation, de donner du caractère ou de la profondeur sur le signal avant qu’il ne soit enregistré.
Bien que je n’utilise pas la compression sur toutes les pistes que j’enregistre, cela peut parfois être très utile. Ce que je suggérerais, c’est que si vous voulez expérimenter la compression lors de l’enregistrement, commencez par de très faibles quantités jusqu’à ce que vous sentiez vraiment le son de votre équipement et prenez conscience de la manière dont tout se déroule dans votre balance d’écoute.
Enregistrer avec la compression :
Maintenant que nous connaissons la stratégie derrière l’enregistrement avec compression, jetons un coup d’oeil à des exemples pratiques, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur d’une DAW. Commençons par enregistrer une basse avec un compresseur matériel. Lors de l’enregistrement, le flux du signal audio va passer dans un préampli avec une entrée de niveau instrument, puis de la sortie du préampli à l’entrée du compresseur et de la sortie du compresseur à l’entrée du convertisseur.
À l’aide du patch du studio, je vais acheminer la sortie du pré-ampli dans l’entrée d’un compresseur LA-2A. La sortie du LA-2A est ensuite envoyée dans notre entrée DAW. Lorsque vous utilisez plusieurs équipements dans la chaîne de signal, il est important de regarder les niveaux de chacun et de veiller à ce que vous n’êtes pas « saturé » sur un point de la chaîne. Il est très facile d’ajouter trop de gain sur un seul processeur, et de sortir un signal écrêté de cette machine et de le dissimuler dans le vu-métre de votre DAW en atténuant l’entrée ou la sortie de l’unité suivante.
Pour éviter ce genre d’erreur, vous pouvez bypasser le compresseur, ou désactivez le bypass dans votre DAW. Assurez-vous qu’il n’ajoute aucun gain sur la chaîne du signal. Ou par exemple ici avec le LA-2A qui n’a pas de bouton bypass, vous pouvez vérifier les niveaux d’entrée et de sortie de la machine pour gérer parfaitement le niveau de votre signal. Maintenant, je peux ajuster le gain sur mon pré-ampli afin d’obtenir un signal clair et non saturé qui part dans ma DAW. Il ne me restera plus qu’à appliquer ma compression et ajuster les contrôles pour obtenir la quantité souhaitée de réduction de gain.
Ensuite, je vais ajuster le gain de sortie de mon compresseur pour obtenir le même niveau de signal que j’avais avec seulement mon préampli. A partir de là, votre signal sera enregistré avec compression. Par conséquent, sa forme d’onde affichera une gamme dynamique réduite par rapport à une forme d’onde non compressée. Dans la plupart des DAW, vous pouvez enregistrer à travers un compresseur en acheminant le signal via une piste auxiliaire avant de l’enregistrer sur une piste audio, dans le cas ou vous ne possédez pas des plugins DSP.
Ici, l’entrée de la piste auxiliaire reçoit le signal et la sortie de la piste alimente un bus interne, qui est ensuite acheminé vers une piste audio distincte qui enregistre le signal. Dans cette configuration, tout plug-in placé sur la piste auxiliaire affectera ce qui est enregistré sur le disque dur. En revanche, tout plug-in placé sur la piste audio sera simplement en mode « monitoring » et ne sera pas enregistré.
Donc, maintenant que vous savez enregistrer via un compresseur matériel ou logiciel, expérimentez cette technique la prochaine fois que vous enregistrez un musicien très dynamique pour apprivoiser le signal d’entrée.
oui j’ai estimé qu’il n’apportait pas grand chose au débat et était trop long! finalement cette track résume bien ce que je voulais dire…irrégularités de tempo mais qui fonctionne à merveille dans le contexte. tracking de x prises de guitares pour un solo mythique , prise non compressée de façon audible et compressée lors du tracking etc.. 🙂
Ton message précédent est parti Tcheri
https://www.youtube.com/watch?v=0Qp_NLg1SFI
Exactement ! d’ailleurs tu nous as bien démontré que tu avais ta propre sensibilité en matière de son !
Je suis tout à fait d’accord avec toi…. Chaque studio choisi sa manière de travailler…son matériel en fonction de son parcours…de ses sensibilités…il n y a pas de mode…non… juste des préférences dans la méthode de travail et comment travailler le son…je trouve l approche du studio kerwax magnifique…je ne partage pas tout… mais cela prouve une fois de plus que la monoculture protools ou Cubase peut être contournée…! Et j aime cette démarche !!
C’est un exemple parmi tant d’autre ! Evidement que chaque ingénieur du son aura sa propre sensibilité et interpretation du son, ses affinités envers certains style et sa culture de la musique. On choisi ses collaborateurs aussi pour ça et les rapports humains restent très important dans ce métier. Le studio dont tu parles est le studio Kerwax et en effet le choix du matériel se fait par rapport à ses besoins en terme d’esthétique sonore. Du matériel comme tu peux en trouver là bas ne te donnera pas la même couleur que sur du matériel d’aujourd’hui c’est évident.
ah oui vu j’aime beaucoup les artistes qu’il a mixé/réalisé(?) mais ne serait ce pas le genre d’ingénieur qu’on va voir pour cette spécificité? sa patte? un peu comme le studio en bretagne ou enregistre rover dont je ne sais plus le nom…avec console sur mesure et vintage à tous les étages? c’est drole parce que j’ai connu l’époque ou le matos utilisé était celui qu’on qualifie de vintage…et perso je n’en utilise pas 🙂 je suis peu sensible aux modes !
Nicolas Eschalier Tchad Blake … tu es sur que ce n’est pas des trackings faits à tete reposée? je vais aller voir ça!
oui, pour moi il y a ce que je fais sur mes productions personnelles et les risques que je ne prends pas avec les autres…mais c’est vrai que quand c’est pour moi, je décide des equ (sans trop les marquer sur la prise et je peux compresser à la prise parfois aussi. je trouve ta page et tes tutos supers! vraiment! si on avait eu des transmissions de ce type dans les 80’s on aurait été meilleurs!( année ou j’ai monté le studio Dagobert avec les gens de Ramses de l’époque,) et je te trouve super généreux 🙂 bonne soirée.
D’où l’importance de bien être sur de ce que l’on veut, sinon mieux vaut jouer la sécurité. Mais parfois à enregistrer des pistes trop « brut » on peut rencontrer des petits soucis de cohésion au mix car le rendu n’est pas forcement comme on l’imaginait au départ
oui c’est vrai je le fais aussi mais j’ai été emmené à le regretter parfois. la technique dont je parle est préconnisées pat G Massenburgh dans ses tutos mais tout est bon !
Hello 🙂 Sur le principe tu as complètement raison ! Avec les outils d’aujourd’hui, on peut se donner un maximum de choix au départ, en enregistrant simultanément la même piste avec des effets différents. Mais le vrai truc c’est d’aller chercher le son dont on a besoin au départ et de là tout est permis : compression, pas compression, compression parallèle… Si c’est bon pour la musique alors il faut pas hésiter ! Regarde l’américain Tchad Blake qui enregistre compression, saturation et autres effets sur ses pistes !
.Bonjour Nicolas je trouve que à l’époque des disques durs ça ne coute rien d’enregistrer sur une piste stéréo en 2xmonos (pour faciliter l’éditing) une version limité (le LA4 de UAD qui vaut 500€ d’occase faisant le job à merveille sans un poil de souffle) et la deuxième sans limiteur/comp optimisée au maximum de gain mais avec toute sa dynamique…les deux pourront êtres éventuellement utilisés ensuite pour un effet « compression parallèle pré enregistrée » ??
Merci pour le partage !!
Tout cela est juste…. perso j utilise toujours un comp sur la voix lead…pour le optimiser la dynamique générale et aussi se protéger d envolée lyrique pas toujours contrôlée…. mais attention…. rien à voir avec le réglage du comp en prise ou en mix….é effet recherché n’étant pas le même. En prise……j aime un seuil pas trop haut et un rapport faible…2…3:1 Max… ainsi il va travailler sans pour autant dénaturer le signal. En mix tout est permis ou presque en fonction du type de mix….. idem pour la batterie….sur le sn…. eventuellement sur les Tom….pas ailleurs. Si on travaille avec parcimonie on ne cours aucun risque pour le mix ultérieure. Ce n est pas la même histoire avec les effets… j’aime parfois enregistrer les effets à la prise…. mais dans ce cas l effet part sur une piste séparée… alors…..a vos magnétos!
Oui, être vigilant sur la latence car je crois que sur les systèmes natifs les pistes aux sont plus gourmandes
sur mon teac 3440 j ai mes 2 Alesis 3632 en entrée pour la prise / beat et bass /sur la bande analogic en compressions parallèle c est top
Ah tiens très bonne technique celle de sortir sur un bus vers une piste audio enregistrable !!! Merci Nico une nouvelle fois, une astuce fort sympa pour ceux qui sont en native !