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Compresser le bus master

Le réglage des compresseurs est généralement l’une des dernières choses avec laquelle les ingénieurs du son deviennent vraiment à l’aise. Si vous écoutez des professionnels chevronnés, la plupart vont facilement admettre qu’ils ne pouvait pas vraiment entendre une compression en détail jusqu’à ce qu’ils acquièrent plusieurs années d’expérience.

Compresser un bus master peut être intimidant pour les néophytes,  car il est clair que cela peut changer le son complet de votre mix. En général, les débutants vont faire un choix entre 3 approches :

1. Jouer la sécurité, récupérer un preset, et travailler autour de ce réglage sans être vraiment trop sûr de l’influence du compresseur sur le mix.

2. Ils seront tellement prudents qu’ils ne vont pas utiliser de compresseur sur le master du tout.

3. A l’inverse, compresser le master violemment en étant persuadés que c’est ce que la plupart des grands ingénieurs du son font.

Pourquoi utiliser un compresseur sur le bus master ?

N’utilisez jamais un compresseur sur votre master en vous disant que vous le faites parce que vous êtes sensé le faire. Donc, avant même d’allumer votre compresseur, vous devrez avoir une idée précise de ce que vous essayez d’accomplir avec.

D’après moi, il y aurait 5 choses que vous pourriez faire avec : « Donner du relief, lier, contrôler, modeler, ajouter du volume ».
Ce sont des qualités liées, mais il y aura des compromis à faire pour pouvoir toutes les obtenir. Mais en tant que mixeur, vous devriez vous concentrer principalement sur seulement deux d’entre elles : « lier » et « contrôler ».

Si vous souhaitez apporter du « relief » essayez de bouger vos faders, de rajouter des effets, ou encore de compresser plus certains instruments ou un groupe spécifique. De même si vous souhaitez travailler la « forme » de votre mix, travaillez sur la compression de vos instruments ou de vos groupes. Et si vous souhaitez plus de volume, oubliez ça ! Vous devez mixer pas sortir un mix plus fort qu’un autre.

Assurez-vous donc que vos priorités sont claires et que vous vous concentrez sur le fait que le son de votre mix soit aussi intéressant et authentique que possible.

Lier et contrôler

Donc, qu’est-ce que « lier » et « contrôler », les deux choses les plus importantes à rechercher dans un compresseur de bus master veulent dire ?

« Lier » est la sensation que les choses soit reliées ou coller entre elles.  Le compresseur master n’est pas le seul moyen voir même le meilleur pour y parvenir, mais il peut vous y aider.

« Contrôler » c’est contrôler la dynamique de votre mix. Compresser le master peut vous aider à mettre au même niveau les différentes partie de votre morceau. Il vous aidera aussi à prendre peut être plus de risque sur le mouvement de vos faders car ce dernier vous aidera à garder une balance stable.

Souvenez vous que certains styles de musiques ont besoin d’une compression assez poussée et d’autres pas du tout. N’hésitez pas à vous référer à des oeuvres du commerce pour comprendre comment les différents styles sonnent.

N’utilisez pas un compresseur sur votre master juste parce que vous avez entendu qu’il fallait le faire. Utilisez le si vous en ressentez le besoin ou si vous pensez que cela peut être bénéfique pour votre mix.

Comment régler un compresseur sur le bus master : la base

Une des choses sur laquelle la plupart des ingénieurs du son seront d’accord est que votre compresseur master ne devrait pas compresser beaucoup. Mais que veux dire «beaucoup» ?

– Utiliser des rapports faibles, comme 1,5: 1 ou 2: 1

– Assurez-vous que votre compresseur ne compresse pas tout le temps et qu’il se remette à zéro entre deux temps fort.

– Compresser de 1 dB, ou peut-être 2 dB.

Ce sont des lignes directrices basique pour commencer. Cela vous sera utile si vous avez de la difficulté à entendre ce que la compression fait. Je vous donnerai une approche un peu plus poussée dans un instant.

Quand faut il compresser plus le bus master ?

La prudence est de rigueur dans l’utilisation d’un compresseur sur votre bus master, mais parfois un mix peut sonner vraiment mieux avec une compression un peu poussée. Vous pouvez facilement appliquer 3 ou 4 db de compression avec des ratios de 3:1 ou 4:1 tant que vous mettez votre compresseur au début de votre session et que vous mixez avec.
Beaucoup d’ingénieur du son le font : Ils vont patcher leur compresseur sur le master assez tôt et mixer avec. Non seulement le compresseur de bus vous parlera, mais vous lui répondrez. Si vous devez adopter qu’une seule stratégie aujourd’hui, choisissez celle là. J’irais même jusqu’à suggérer que vous ne devriez jamais mettre un compresseur sur votre master à la fin de votre mix.
Compresser le bus master

Comment régler un compresseur sur le bus master : les détails

Voici une approche facile à suivre étape par étape pour trouver des paramètres de compression pour votre master. Vous pouvez utiliser cette technique sur chaque mix, ou vous pouvez l’utiliser pour établir une approche «par défaut» que vous pourrez modifier si nécessaire.

1. Commencez par une attaque lente (peut-être 50-100ms) et un relâchement rapide (peut-être 0.2 à 1.0ms). Les chiffres exacts ne sont pas importants.

2. Réglez votre ratio entre 1,5: 1 et 4: 1. Réduisez le si vous recherchez plus de transparence et plus de dynamique. Augmentez le si le mix est plus agressif, ou demande plus de contrôle ou un son plus « traité ».

3. Abaissez le seuil de façon à obtenir une compression de 1 à 4 dB au cours des sections les plus fortes. Cependant, il peut être utile de sur-compresser temporairement votre mixage. Si vous commencez juste à maîtriser l’habileté de la compression de votre master, n’ayez pas peur d’écouter votre mix avec 10dB de réduction de gain ou plus ! Cela peut être une bonne méthode d’apprentissage.

4. Maintenant, mettez un temps d’attaque plus rapide jusqu’à ce que vous commenciez à perdre l’impact de vos instruments aux transitoires les plus dominants. (En général, grosse caisse et caisse claire).

5. À partir de là, si vous voulez un impact plus dynamique et agressif, revenez un peu vers un temps d’attaque plus lent. Si vous voulez un mixage sonore « plus lisse », plus traité, ou plus contrôlé, poussez l’attaque un poil plus rapide à la place.

6. Ensuite, mettez votre temps de relâchement plus lent jusqu’à ce que le vu-mètre est juste assez de temps pour revenir à zéro entre les temps fort. (Basez vous encore sur la grosse caisse et la caisse claire).

7. À partir de là, si vous voulez plus d’agressivité, de relief et de volume, vous pouvez régler le temps de relâchement un peu plus rapide. Si vous voulez que les choses sonnent plus lisses et plus contrôlées, réglez-le un peu plus lent. (Le mode « auto » peut également être très agréable sur certains compresseurs, et il n’y a aucune honte à l’utiliser si cela fonctionne).

8. Réglez votre seuil, le ratio et l’attaque selon votre goût. Essayez de compresser d’environ 1 dB pour un son plus organique, et de 3-4dB pour quelque chose de plus traité ou agressif. Ce ne sont que des lignes directrices. Utilisez vos oreilles.

9. Assurez-vous que vous mixez dans votre compresseur, en prenant parfois note de combien vous réduisez le gain. Pensez à remonter le seuil si vous compressez « trop ».

Comment savoir quand c’est «trop» ? Si vous entendez un phénomène de « pompage » ou si votre mix devient trop petit… En cas de doute, essayez de ne pas compresser plus de 3-4dB sur les sections les plus fortes d’une chanson « lourde » ou très traitée. 2dB de compression sont suffisant pour les sections les plus bruyantes pour des styles plus acoustiques ou dynamiques. Et souvent, tout ce dont vous aurez besoin est de 1dB, juste pour un peu de lien.

Il n’y a qu’en faisant travailler vos oreilles que vous arriverez à obtenir les meilleures compromis.

Réglage des temps d’attaque et de relâchement

L’effet des différents paramètres d’attaque et de relâchement sont probablement les dernières choses dont la plupart des ingénieurs du son apprennent à entendre clairement. C’est d’autant plus vrai quand il s’agit de quelque chose d’aussi subtil qu’un compresseur sur le bus master.

Il peut être utile de penser de cette façon :
Le temps d’attaque affecte la « forme »: des temps d’attaque plus rapides allégeront les transitoires et donneront plus de contrôle et de « lissage ».
Des temps d’attaque plus lents augmenteront l’impact.

Le temps de relâchement affecte « le relief » : les temps de relâchement plus rapides vous donneront plus de grain, d’agressivité et de «pompe». Des temps de relâchement plus lents permettront de lisser un mix et peut sembler le placer légèrement en arrière plan des enceintes.

En fin de compte, il y a seulement 4 combinaisons principales :

1. Attaque lente, relâchement rapide
(Bien pour l’impact et le côté naturel. Peut être agressif et donner un effet « pompe » si votre seuil est trop bas).

2. Attaque plus rapide, relâchement rapide
(Bien pour lisser les transitoires, mais toujours naturel. Peut perdre trop de vie et d’impact si votre seuil est trop bas).

3, Attaque plus rapide, relâchement lent
(Bien pour plus de contrôle et de douceur. Peut réduire la vie d’un mix si votre seuil est trop bas).

4. Attaque plus lente, relâchement lent
(Bon pour le contrôle de la « dynamique ». Peut être très utile et subtil, ou complètement inefficace).

Mettre les choses ensemble

Voici deux autres directives simples qui vous permettront de synthétiser toutes ces idées et de vous y retrouver :
1. Pour un rendu plus organique, essayez des rapports faibles comme 1,5: 1 ou 2: 1 et compressez pas plus de 1 dB. (Peut-être 2). Utilisez des temps d’attaque plus lent, et des temps de relâchement qui permettent à votre compresseur de revenir à zéro complètement entre les temps.
2. Pour un son plus traité, essayez des rapports plus élevés comme 3: 1 ou 4: 1 et compresser jusqu’à 3-4dB dans les sections les plus fortes. Sachez que des temps d’attaque plus rapides vont lisser votre mix, tandis que les temps de relâchement plus rapides vous donneront plus de «grain», de «pompe» et d’agressivité. Des temps de relâchement plus lents peuvent rendre les choses plus lisses, mais peuvent être contre-productif rapidement si vous mettez votre seuil trop bas et si vous ne laissez pas le compresseur récupérer du tout.
N’oubliez pas aussi que selon le type de compresseur que vous utiliserez vous pourrez apporter une couleur supplémentaire à votre son.
https://www.youtube.com/watch?v=WyqDeowIZng&t
ESPACE FORMATION

11 commentaires

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  • Hello!

    Je passais jeter un coup d’oeil pour aller un petit peu plus dans le détail sur ce sujet là, l’article est super bien foutu et c’est très agréable à lire, merci pour le travail fourni!
    J’aurais voulu rajouter un petit quelque chose qui me semble important concernant le release auto du compresseur et qu’on ne dit pas beaucoup. Ce paramètre sur de l’analogique ou de l’émulation analogique (la plupart du temps, c’est le cas chez SSL, chez les autres aussi très certainement) représente un algorithme qui n’a rien à voir avec les temps de release indiqués sur le potard, mais aura un comportement légèrement à complètement différent du release habituel, et en fait donc un réglage à part entière et pas une option de facilité 🙂
    J’espère que j’en aurais aidé certains, encore merci pour cet article détaillé!

  • Bonjour,
    L’esthétique d’un son ou meme d’un mix ce fair dans les réglages mais aussi dans le choix des couleurs des machines à tous les niveaux. Bien évidement le bus master fait parti du lot et un compresseur ou tout autre outil avec un son propre peut ajouter un plus. Si au contraire on veut quelque chose de transparent alors on prendra un compresseur adéquat…
    Le mastering est un travail bien particulier, on est vraiment dépendant de la qualité des mixages et des demandes des productions…

  • Bonjour,

    Whaou !! je m’attendais pas à une réponse aussi rapide. Merci !
    Du coup c’est tentant 🙂
    Une réponse amenant toujours une nouvelle question …
    Je vais donc me restreindre à 2 nouvelles questions.
    Donc du coup l’utilisation des colorisations propres aux compresseur (que pour l’instant je perçois mais ne parvient pas encore à distinguer clairement ) n’est pas de mise sur le bus master ? Je pense ici à l’usage que vous en faite sur les voix sur l’une de vos vidéos, où, si j’ai bien compris , ils sont mis en série sur un auxiliaire.
    Après 6 mois sur le mixage, j’aborde à peine le Mastering. Il est difficile, en tant que débutant, de percevoir ce qui fait la différence entre le médiocre et l’excellence dans ce domaine. Alors y a t’il un moyen d’ exercer son oreille au mastering sans suivre une formation, et que peut on espérer atteindre comme degré de qualité comparé à un bon ingénieur en bidouillant comme moi dans son coin ?
    Bon dans tous les cas je guette l’arrivée de vos prochaine vidéos sur le sujet 😉
    Encore Merci.

  • Bonjour Gérard
    Merci pour le commentaire 😉
    Je ne peux pas dire que placer deux compresseurs sur un bus master ne se fait pas, mais il faut avoir une bonne raison et dans ce cas de figure ils auront des réglage très différents (un pour les crêtes et l’autre pour le volume moyen par exemple) Leur ordre de placement jouera aussi un rôle bien sûr. Cette manip reste relativement rare quand même…
    Il n’y a pas vraiment de danger pour le mastering si on laisse suffisamment de marge pour travailler ensuite. Si un traitement est nécessaire dans un cadre artistique d’un mix il faut l’appliquer, le mastering n’aura plus qu’à le sublimer…
    Et effectivement pas vraiment de sujet sur le mastering, n’étant pas moi même ingénieur son de mastering. Ceci dit j’ai prévu d’en réaliser quelques uns quand même 😉

  • Bonjour,

    Merci pour toutes ces vidéo précieuses pour aider à démêler le faux du vrai dans cette univers complexe du mixage.

    J’ai de nombreuses question, je vais me restreindre à deux question de débutant.
    Est il intéressant d’expérimenter la multiplication des compresseurs sur le bus master ?
    Quand est il du rapport entre la présence de compresseur sur le bus master et l’étape du Mastering. N’y a t il pas un risque de réduire les possibilités d’expressions de cette étape de production ?

    Allez j’en profite une petite dernière 🙂
    Je n’ai pas vue de vidéo sur le Mastering sur vautre site. Connaissez vous de bonnes référence sur le sujet ?

    Merci

  • Merci Gérald !
    Le 33609 est une légende, c’est sur !
    Je sais que tu as la chance d’en posséder un, mais même en plug il se débrouille pas mal du tout (même si on sait que c’est pas pareil 😉 ) !

  • Bravo et Merci Nicolas pour cet article tres pedagogue et explicite.
    Je conseil vivement le 33609 neve sur bus master.
    En le comp nous parle et on lui repond. C est exactement ca…

  • Salut Olivier
    Merci pour ton com 🙂
    Et oui un compresseur sur un master fait bien plus que compresser si je puis dire, cela peut influencer grandement notre manière de mixer d’où l’importance de bien le gérer au départ et savoir ou l’on veut aller 🙂

  • Bonjour Nicolas,
    J’utilise le ssl G compresseur Bus Master depuis un moment sur la tranche master et effectivement cela donne un certain Grain et une dynamique et un volume sur l’ensemble du Titre
    Selon tes conseils que j’ai suivi , et certains réglages ça change votre vision de votre enregistrement ……(de base je pensais que cela servait juste à compresser …mais non ….)
    Un grand merci à toi Nicolas , toujours un plaisir de suivre tes nouveaux tutos